N’avez vous jamais ramassé une pierre, lors d’une balade, parce que sa forme évoquait un paysage ou un animal ?
Si vous aviez “élevé” votre pierre selon les règles du Yôseki, elle aurait acquis une patine et le droit à l’appellation de suiseki.
A l’origine, en Chine, les pierres étaient collectées pour venir décorer les jardins des palais. Les pierres les plus appréciées étaient celles ayant des formes fantastiques, pleines d’anfractuosités.
Quelques siècles plus tard, les suiseki sont arrivés au japon. ils deviennent alors une forme d’art et ont pour but de suggérer une scène naturelle. Ils sont très souvent exposés avec les bonsaï.
Pour passer de l’état de vulgaire pierre a celui de suiseki, il faut suivre l’une des deux voies suivantes pendant quelques dizaines d’années :
La voie humide, elle est alors placée à l’extérieur, à l’abri du soleil direct, et sera arrosée régulièrement d’eau non calcaire.
La voie sèche, elle est alors placée à l’intérieur et sera régulièrement frottée d’un chiffon doux puis entre les mains afin que le sébum de la peau la lustre.
Après ce traitement et lui seul ( ni taille , ni sculpture ), les pierres obtiennent des qualités essentielles : sabi, wabi et Yugen, et peuvent alors être exposées en tant que suiseki soit sur un daiza, petit socle en bois adapté aux contours de la pierre, soit sur un suiban, plateau très plat contenant du sable pour symboliser une plaine autour d’une montagne ou de l’eau pour symboliser la mer autour d’une île.
Les suiseki les plus recherchés sont les plus simples, de couleur sombre, issus de roches dures. Les différents éléments doivent être contrastés mais harmonieux ; équilibrés mais asymétriques. L’idéal étant d’avoir des oppositions : rugueux/lisse, sombre/clair, vertical/horizontal.
Les trois notions sabi, wabi et yugen sont difficiles à traduire en français, c’est à la fois la patine laissée par le temps qui passe, la solitude, la mélancolie, l’élégance discrète et naturelle …
« Un bon suiseki a le pouvoir de représenter aux yeux de l’homme, sur quelques centimètres, la terre entière et le cosmos » Arishige Matsuura