Âmes sensibles, s’abstenir !

Au retour des vacances, j’ai trouvé mon marronnier dans un piteux état !

J’ai tout d’abord pensé qu’il était condamné par un horrible champignon, Guignardia aesculi.

Une rapide recherche m’a mise sur une autre piste : la mineuse du marronnier alias Cameraria ohridella.

Cette minuscule chenille creuse des « mines » dans les feuilles de marronnier qui deviennent progressivement marron et boursouflées.

Au bout de 5 mues, elle tisse un petit cocon toujours à l’intérieur de la feuille,

se transforme en chrysalide

et attend patiemment le printemps, nichée dans les feuilles mortes au pied du marronnier. Elle se transforme alors en un petit papillon qui viendra pondre ses œufs sur les nouvelles feuilles.

Photo credit: Gyorgy Csoka, Hungary Forest Research Institute

Pour lutter contre cet insecte, il est possible d’utiliser des pièges à phéromones mais il faut avant tout éliminer les feuilles mortes dans lesquelles les insectes hibernent. Sur un bonsaï, je devrais pouvoir surveiller l’apparition des premières taches et enlever les chenilles au fur et à mesure de leurs apparitions.

les chercheurs ont identifié deux prédateurs de la mineuse du marronnier : les mésanges et les méconèmes fragiles.

Les effets d’un désaiguillage et d’un mekiri

A force de lire un tas de revues, de fréquenter plusieurs forums, de discuter avec les copains du club, on est submergé par les informations , par des calendriers différents … on y perdrait presque son japonais !

L’idéal est donc de tester soi même et de se faire sa propre expérience.

Voici donc les résultats d’un désaiguillage et d’un mekiri pratiqués en juillet dans le nord de la France sur un pin sylvestre, haut de 20cm. Il ne ressemble pas à grand chose actuellement, il aurait besoin d’une petite mise en forme.

Il a été rempoté en 2015, les autres intervention taille et ligaturage n’ont pas encore été trop intenses afin de préserver la santé de l’arbre. Lorsque je l’ai eu, il venait d’être prélevé et semblait faible.  A terme, j’aimerai arriver sur une forme de lettré.

J’ai donc attendu que les chandelles soient bien ouvertes pour les réduire à 2 ou 3 d’aiguilles sur les branches les plus hautes et un peu moins sur les branches les plus basses.

En parallèle, j’ai coupé les aiguilles de l’année précédente afin qu’elle n’inhibent plus les bourgeons qui sont à leur base. Je préfère utiliser les ciseaux pour justement ne pas endommager ces futurs bourgeons qui sont cachés dans les gaines des aiguilles.

Je suis satisfaite car beaucoup de bourgeons sont sortis en arrière et cela va me permettre de d’avancer dans la construction de cet arbre.

 

L’inconnue du mélèze

J’ai trouvé une dizaine de minuscules chenilles vert fluo sur des mélèzes et je ne suis pas sure de leur identification. J’hésite entre la tenthrède du mélèze et l’eupithécie du mélèze.

Les rameaux ne sont pas tordus et je pense que cette chenille est très jeune car il y avait encore peu de dégâts. Juste 2 ou 3 rameaux dont les aiguilles avaient été grignotées.

 

chenille

rameau

 

Le froid est enfin arrivé !

Cette année, le froid est arrivé très tard… espérons que cela ne perturbe pas trop les arbres. Il a fallu installer en urgence les protections habituelles. Jusqu’à présent, grâce à cette méthode, les bonsaï ont toujours bien supporté l’hiver sachant que chez nous il n’est pas très rigoureux mais que les températures peuvent descendre assez bas de façon occasionnelle sur des périodes plus ou moins longues.

Les plus petits sont installés dans une mini-serre en verre, les pots sont enterrés dans un mélange écorces-terre.

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Les cognassiers et les prunus sont déjà en boutons, j ai donc ajouté en prévision des froids brutaux de cette semaine, un voile d’hivernage directement posé sur les arbres puis un plastique-bulle sur le dessus de la serre. J’espère que cette alternance de couches   protectrices et de couches d’air sera suffisante. Je ne souhaite pas les rentrer même dans une pièce non chauffée car il important que les arbres connaissent une période de repos.

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Les gros sont enterrés également dans le mélange terre-écorce (je trouve que cela permet un dégel plus rapide que la terre seule) mais ils n’ont au dessus d’eux qu’une structure en bois, la table sur laquelle ils sont posés l’été.

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Je l’emballe avec un voile d’hivernage et je pose dessus un plastique-bulle. Ce n’est pas très « glamour » mais ça a l’avantage d’être facilement enlevé dès que le redoux arrive.

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Le plastique-bulle assure également une bonne protection contre les pluies fréquentes. L’excès d’eau peut être pire que le froid.

Ilex serrata bis

Je vous ai déjà montré un petit ilex serrata femelle ramené du Japon.

(C’est une espèce dioïque c’est à dire que les fleurs femelles et les fleurs mâles ne se trouvent pas sur les mêmes arbres; Malheureusement, j’ai oublié de prendre un pied mâle ! Les bonsaïka japonais ne cultivent pas les pieds mâles en bonsaï car ils ont moins d’intérêt que les pieds femelles mais il est possible d’acheter des pieds mâles qui sont cultivés comme de simples plantes à côté des bonsaï.)

Le mien fleurit chaque année, des petits fruits se forment mais tombent aussitôt.

J’ai cherché un plant mâle dans les pépinières de ma région mais visiblement ce n’est pas une espèce connue en Europe. Le seul houx caduc que j’ai pu trouvé, est un Ilex verticillata dans le catalogue des pépinières Calle de Wetteren.

J’ai donc planté cet arbuste au printemps 2013 pas très loin des tables à bonsaï mais il a eu un peu de mal à s’acclimater. La terre calcaire ne doit pas lui convenir, les bords des feuilles nécrosés et enroulés indiquent une carence en potassium.

Il fleurit mais avec un peu de retard par rapport à l’Ilex serrata pourtant il semblerait que cette année la pollinisation ait pu se faire car quelques fruits semblent grossir !

à suivre …

Atelier avec Hiromi Tsukuda : 5ème partie et fin

Voici la dernière partie consacrée à l’atelier avec Hiromi Tsukuda. Il s’est penché sur un pin blanc appartenant à Dominique. C’est un pin blanc non greffé venant de la pépinière de Kenichi Abe.
Une des difficultés de cet arbre réside dans une belle branche qui se trouve dans un creux du tronc, elle lui donne une personnalité particulière et Dominique y tient beaucoup.
M Tsukuda a proposé de jouer sur l’inclinaison de l’arbre afin de le rendre plus dynamique.

observation

Vue arrière de l’arbre :

arriere

Nouvelle position :

pin blanc

Voici les détails de quelques ligatures, tout d’abord de la première branche :

ligature

puis de la tête. Aucune branche n’a été coupée, pourtant cette nouvelle tête semble plus légère.

ligature tete

Pour tenir en place une des branches, un hauban est posé.

hauban

On voit ici en détail, l’incision qui a permis de baisser une des branches de la partie gauche.

coupe

Même si l’atmosphère est détendue, lorsqu’il travaille, M. Tsukuda est très concentré.

concentration

Au final, l’arbre est plus dynamique, la nouvelle forme de la tête rend le jin moins agressif.

fin

Nous espérons que M. Tsukuda reviendra animer un atelier dans notre club car nous avons passé avec lui un agréable weekend autour de nos bonsaï.

Atelier avec Hiromi Tsukuda : 4ème partie

Dans la cadre d’un projet club, nous avons acheté un lot d’érables japonais ayant tous une forme similaire. Angélique a proposé le sien comme sujet de démonstration à M Tsukuda.

 

Début juin, l’arbre est en feuilles, il faut donc commencer par le défolier pour pouvoir travailler dessus. Toutes les feuilles sont donc coupées une à une aux ciseaux en laissant juste un morceau du pétiole.

effeuillage

L’arbre peut maintenant être analysé, M. Tsukuda lui trouve essentiellement deux gros défauts : un manque de conicité et des troncs trop raides.


Il faut donc enlever deux des troncs, c’est l’occasion d’une explication très intéressante sur la cicatrisation.
Pour que de grosses coupes cicatrisent le mieux possible, il faut laisser un tire sève dans le bas de la coupe. La sève en circulant ainsi tout autour de la plaie, va activer la cicatrisation. M. Tsukuda va donc couper la base des deux troncs de façon très nette sur plusieurs centimètres et ne laisser qu’une bande dans le bas. Ils resteront ainsi en place jusqu’à ce que la coupe soit bien cicatrisée.
Il attaque d’abord à la scie

scie

puis continue avec un ciseau à bois

encoche

Cela va permettre à Angélique de poser une marcotte pour pouvoir récupérer les deux troncs qui doivent être enlever.

encoche2

Ensuite, les autres troncs qui manquent de mouvement doivent être coupés au niveau de rameaux qui seront ligaturés pour prendre le relais de la partie coupée,

taille

cela contribuera également à donner de la conicité à ces troncs :

structure

Un dernier point sur cet érable, une des vieilles cicatrices est mal refermée et présente même un creux un peu pourri. Il faut donc assainir cette partie : couper et enlever tout le bois abîmé et reboucher avec de la résine epoxy.

cicatrisation1

Il faut mélanger les deux composants en parts égales

 

on obtient alors une pâte qui va se solidifier et boucher hermétiquement le trou. Ensuite il ne reste qu’à mastiquer le bord vif de la plaie et espérer que l’écorce vienne peu à peu recouvrir la résine epoxy.

fin

Atelier avec Hiromi Tsukuda, 3ème partie.

On revient sur l’azalée qui a été taillée dans la 1ère partie. Il faut maintenant la rempoter car cela n’a pas été fait depuis 2008. Hiromi est obligé de prendre un crochet pour dégager la motte. Pendant ce temps, il nous explique que les racines de l’azalée sont très fragiles et qu’il faut être délicat.

rempotage

Il faut gratter le vieux substrat qui se trouve en dessous, doucement sans arracher les racines.

nettoyage

Il choisit la plus grosse granulométrie de kanuma qu’il utilisera pure.

kanuma

Nous avons essayé plusieurs combinaisons avec les 5 ou 6 pots amenés.

choix

Celui dont la taille et la forme conviendraient le mieux avec le projet final, est pour l’instant trop petit. Il n’est pas possible de réduire la motte en une seule fois .

meilleur

Un pot intermédiaire est donc retenu, il faut alors scier le bloc de racines pour l’adapter au pot.

coupe

Puis, toujours avec délicatesse, il faut continuer de nettoyer et d’éliminer au maximum le vieux substrat avec de fines baguettes en bambou.

4mains

On termine le nettoyage dans une bassine d’eau.

bain

On obtient le résultat suivant :

racines

Quelques coupes sont encore nécessaires afin d’égaliser le nebari ainsi que le dessous de la motte.

taille

Dans le pot, Hiromi place une couche de kanuma et deux fils de ligature.

misenpot

L’arbre peut ainsi être attaché solidement au pot.

fils

Il remplit le pot sans tasser le substrat et sans faire pénétrer les grains avec une baguette comme on le fait habituellement, toujours dans un souci de préserver les racines. Cela nous parait étonnant et donne l’impression que les racines sont presque à nu.

remplissage

Les deux photos suivantes montrent comment a évolué cette azalée depuis l’atelier. Les pousses sont nombreuses et pile au bon endroit ! Un premier nettoyage a été effectué sur celles qui poussaient vers le bas ou dans les creux. Il faut également ôter les branches qui avaient été laissées pour faire des greffes. Ce ne sera pas nécessaire. Le feuillage présente une légère chlorose sans doute parce que l’arrosage a été fait à l’eau de robinet, très calcaire. La citerne est pleine, espérons que l’eau de pluie corrigera ce problème sinon il faudra faire un apport de fer chélaté.
Vue de face :

devant

Vue arrière :

derriere

Atelier avec Hiromi Tsukuda : 2ème partie

Nous allons suivre ici en détails une greffe sur un taxus. Jean-Luc a laissé pousser ce taxus pendant quelques années en pleine terre et en a profité pour réaliser 2 greffes sur cet arbre.
Il est temps maintenant de le mettre en forme :

taxus

Hiromi propose à Jean-luc de réaliser une 3ème greffe afin de réaliser un arbre plus équilibré.
Il pose les ligatures :

ligature

La branche qui va servir à réaliser la greffe est, elle aussi, ligaturée afin de bien tenir en place. Il est très important qu’elle bouge le moins possible.

preparation greffe

 

Voici la mise en forme terminée pour l’instant.

misenforme

Hiromi pratique une entaille à l’aide d’une scie,

entaille

elle mesure 3 cm sur 3 mm environ.

porte greffe

 

Le greffon est ensuite taillé en biseau également sur 3 cm.

greffon

et placé dans l’entaille.

greffe en place

Il est maintenu en place à l’aide de raphia synthétique.

raphia

et solidement fixé à l’aide de 2 punaises placées au dessus et en dessous.

punaises

Il ne reste plus qu’à mastiquer afin de protéger le greffon.
Cela parait si simple !

Atelier avec Hiromi Tsukuda, 1ère partie.

Pour la deuxième fois, Hiromi Tsukuda est venu animer plusieurs ateliers en Europe et c’est avec beaucoup de plaisir que nous l’avons accueilli dans notre club.
Le samedi, nous avons travaillé des arbres de façon individuelle alors que le dimanche nous avons préféré organiser la journée sous forme d’une conférence, accessible à plus de personnes.
Le tour de table a commencé avec Dom qui a soumis un projet de cascade sur un pin blanc.

samedi001

Voici les projets qu’il envisage :
Hiromi délimite 3 zones le long du tronc principal : la première zone qui sera ligaturée pour former la cascade, une partie intermédiaire qui sera nettoyée de sa végétation afin de laisser la lumière accéder à la partie travaillée et enfin une troisième partie qui poussera librement afin de favoriser la circulation de la sève et qui sera coupée plus tard avec la partie intermédiaire quand la cascade sera bien développée.

Ensuite, c’est Eric qui a proposé un pin sylvestre un peu plus élancé.

Hiromi a proposé une idée,

et ayant obtenu le feu vert, a posé les premières ligatures puis a laissé travaillé le propriétaire.

Mayumi, la traductrice, semble effrayée par cette démonstration de force !

samedi031

On reste dans les pins avec un petit prélèvement d’Angélique.

Elle avait du mal à sortir de l’image qu’elle s’était faite en le prélevant. Hiromi lui a proposé deux projets :

Angélique a donc choisi le projet de droite :

C’est ensuite au tour de Michel de présenter un pin rouge :

samedi011

Ce pin a une très belle écorce

La partie supérieure n’a pas été coupée car Michel souhaite la marcotter.

On quitte les pins, pour travailler le Juniperus de Bernard.

Il faut nettoyer, alléger et ligaturer cette longue branche qui forme une semi-cascade. la lumière doit pouvoir pénétrer vers les bourgeons.samedi013

Les détails du tronc sont mis en valeur grâce à une taille et une mise en forme de la partie supérieure.

samedi032

Au tour d’une azalée :

samedi015

Après la floraison, il est possible de réaliser une taille de mise en forme. Cette grosse boule de fleurs en a besoin !
Pour la plus part des arbres, Hiromi a proposé son idée via un dessin :

samedi024

 

La taille est drastique !

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Ses ligatures nous ont surpris car elles sont courtes et serrées, cela lui permet de donner plus de mouvement et d’éviter la casse, surtout pour les azalées qui sont très fragiles.

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Frédéric propose ensuite un Juniperus rudimentaire qui n’a pas fait fuir Hiromi.

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Il pose les grosses ligatures et expliquera ensuite à Frédéric comment bien ligaturer le reste.

Voici le projet :

On termine le tour avec deux azalées de Régine et d’Arlette :

Là encore, la taille est sévère mais cela a fait le bonheur de celles et ceux qui sont repartis avec des boutures.

Ces deux belles azalées ont des feuilles fines et des fleurs de petites tailles.

Cet atelier nous a vraiment apporté beaucoup de satisfaction, M Tsukuda s’est montré très ouvert, désireux de partager et n’a pas hésité pas à répondre à toutes nos questions.
Mais il faut souligner que ce dialogue n’aurait pas été possible sans la présence très efficace de Mayumi. Merci !
Suite au prochain épisode …